Au tournant du millénaire, les deux partenaires fondatrices de Goldwater, Dubé ont pris le cas de Michael Hendricks et René Leboeuf, deux hommes qui voulaient faire quelque chose dans cette province qui n’avait jamais été fait auparavant: se marier.
Hendricks et Leboeuf étaient en couple depuis des décennies et est venu un moment où ils ont enfin décider de se marier. Ils voulaient le faire pour deux raisons: premièrement, ils s’aimaient et voulaient officialiser cet engagement. Et deuxièmement, ils voulaient s’assurer que si une maladie ou un accident frappait l’un d’eux, l’autre bénéficierait de la protection juridique complète offerte aux conjoints mariés.
Pour rendre leur union possible, la loi fédérale devait être modifiée – le mariage et le divorce étant des pouvoirs fédéraux – ainsi que des parties du Code civil du Québec. Tous deux définissaient explicitement le mariage comme une union entre un homme et une femme.
Anne-France Goldwater et Marie-Hélène Dubé se sont saisies de l’affaire pour faire annuler ces définitions et rendre le mariage homosexuel légal au Québec. Ainsi, en 2001, elles ont emmené l’affaire devant la Cour supérieure du Québec.
« Rien dans la loi ne définit l’amour », a déclaré Me Goldwater à la cour à l’époque, selon un reportage contemporain. « L’Etat n’utilise pas le langage de la poésie. Il utilise le langage du droit et nous utilisons un mot simple: mariage. »
En 2001, le législateur québécois, favorable aux couples de même sexe, avait créé un régime de partenariat quelque peu parallèle appelé «unions civiles» ouvert aux couples de même sexe, qui avait les caractéristiques du mariage.
«Ces deux hommes ont subi 28 ans de préjugés, de harcèlement et de maladie. Ils ont investi dans leur communauté et maintenant ils vont faire quelque chose pour eux-mêmes: ils vont célébrer leur amour publiquement », a déclaré Goldwater à l’époque. « Pas dans un défilé, ni en arborant des p pancartes, mais disant simplement nous sommes comme vous, aussi ordinaires que vous. »
« La sexualité et la procréation n’ont rien à voir avec cela », a déclaré Goldwater.
Dans une décision rendue en septembre 2002, la juge de la Cour supérieure du Québec, Louise Lemelin, était d’accord avec l’argument selon lequel l’interdiction du mariage entre conjoints de même sexe était contraire aux droits à l’égalité des requérants énoncés dans la Charte canadienne des droits et libertés de la personne. La juge Lemelin a suspendu sa décision pendant deux ans, mais celle-ci a été par la Cour d’appel du Québec en mars 2004, et Hendricks et Leboeuf se sont mariés quelques semaines plus tard, le 1er avril.
Plusieurs années de mariage plus tard, Hendricks et Leboeuf sont toujours amoureux. Pour M. Leboeuf la clé du succès c’est d’ « avoir le sens de l’humour, être aimant et d’accepter votre conjoint pour ses qualités et ses défauts! »
Photo: Nick Karvounis // Unsplash